Sophie Jama
«Les femmes occidentales n’ont pas d’honneur» ou le roman de la passion
L’amour qu’il ne faut (du verbe falloir), c’est l’amour qui ne faut (du verbe faillir), aurait affirmé Jacques Lacan dans l’un de ses séminaires.
L’amour qui réussit à coup sûr est un amour prohibé. Et c’est la société, l’entourage, la force de la tradition et, dans le cas du roman de Laura T. Ilea, la Ouma de l’amant qui, sans le faire échouer pousse à la séparation et à la mort de cet amour. L’amant kabyle qui vit à Montréal est rappelé par une force mystérieuse qui le traverse irrésistiblement. Personne ne l’y oblige, mais Amram quitte définitivement celle qu’il aime pour épouser dans son pays d’origine, une vierge que sa famille a choisie à sa place. Cette attraction puissante surpasse toutes les autres, y compris l’attraction qu’il éprouve pour sa compagne occidentale avec laquelle il vit le grand amour, celui dont tout le monde rêve, y compris celui qui le sacrifie.
Cette histoire d’amour avortée, racontée et mise en mots par Laura T Ilea d’après le récit véridique que lui en a fait une amie, est une sorte de cas d’espèce qui mérite réflexion. Le roman de la jeune écrivaine, passionnant et rédigé dans un style bien à elle, tient son lecteur du début à la fin et pousse à tenter de percer le paradoxe. Comment un jeune homme qui vit et partage toutes les valeurs de sa compagne qu’il aime passionnément, avec laquelle il échafaude tout un ensemble de projets de vie commune, peut-il renoncer à ce qui devrait constituer le pilier de leur équilibre et de leur vie à venir?